Bonjour Benoit, est-ce que vous pourriez vous présenter ?
Je suis Benoit Pelletier. Je suis installé à Reims où j’ai un studio dans lequel je passe le plus clair de mon temps.
Quelle est votre pratique ?
Je suis photographe (mais aussi directeur artistique et éditeur).
Comment êtes-vous arrivé là ?
C’est venu très vite au début de mes années professionnelles. J’ai eu l’idée claire d’images dont j’avais besoin. Je ne me voyais pas confier leur réalisation à quelqu’un et ça me paraissait impossible de trouver une image existante correspondant exactement à ce que j’avais en tête. J’ai donc appris à le faire moi-même et j’ai tout de suite perçu que la photo allait me permettre d’exprimer aussi des ressentis qu’il est difficile, et laborieux, de décrire par autre chose qu’une image. Je me suis instantanément senti en empathie avec ce médium.
Je ne vis pas vraiment ça comme un travail, même si ça fait partie des choses avec lesquelles je gagne ma vie. Je ressens davantage mon activité de photographe comme un « mood » naturel, premier. Bien sûr, je peux répondre à des commandes, d’autant que mes autres activités me permettent de bien connaître le travail dans ce cadre. Mon activité de directeur artistique, correspond, elle, au goût de développer une vision qui trouve une utilité auprès de clients. Celle d’éditeur, en est une sorte d’excroissance, qui va plus loin que la forme en développant une vision qui se déploie aussi dans le fond. Ce sont davantage des activités de passion avec lesquelles j’ai pu gagner ma vie que des métiers que j’aurais choisi « parce qu’il fallait bien en choisir un »…
Quels sont les médiums que vous utilisez ?
La photo bien sûr.
Qu'est-ce qui définit votre travail ?
Un truc un peu à rebours du fait de rendre compte du monde tel qu’il est. J’ai même l’impression que j’ai envie de rendre compte du monde tel qu’il n’est pas. Je suis porté naturellement vers l’envie d’images qui sont des supports à la rêverie, des transports poétiques. J’ai envie de raconter les instants que j’ai vus ou ressentis, un peu comme si faire l’image n’était qu’une façon de dire au spectateur « regardez ce que j’ai vu , vous allez peut-être vous aussi ressentir, ce que j’ai ressenti ». Je me sens comme une sorte de témoin d’un truc imaginaire. J’ai envie d’embarquer les gens, de leur raconter cet instant ou plutôt faire de l’image un outil, qui, comme pour moi, va les emmener ailleurs.

Travaillez-vous sur des projets extérieurs ?
Oui des tonnes, sans doute un peu trop (magazine Process / editeur pour des lieux culturels, des architectes, ou le champagne Taittinger par ex / DA pour des lieux culturels, etc).
Une création pour nous faire rentrer dans votre univers ?
Je n’en ai pas une en particulier. C’est plutôt l’ensemble des séries qui se créent jour après jour qui constituent une porte d’entrée. Finalement l’observation mon compte insta est sans doute une bonne entrée dans un univers qui se compose jour après jour…

Pouvez-vous nous parler de votre processus de création ?
J’ai l’impression qu’il y a 2 cas de figure qui aboutissent toutes deux au même point : soit une situation, qui déclenche chez moi une émotion ou un sentiment, me passe sous les yeux, et je cherche à l’attraper au vol pour fixer cet instant, la poésie qui s’en dégage, et pour la partager. Soit elle me passe par la tête, je l’imagine, et je cherche à lui donner vie. Dans les deux cas, j’ai vu quelque chose qui a déclenché chez moi une forme d’émotion et je cherche à faire ou capter une image qui me permettra de la restituer à l’observateur.
Quelles sont vos sources d'inspiration? Comment arrivez-vous à rester créatif ?
Les yeux grands ouverts, une inclination personnelle et une forme... d’entraînement. J’ai aussi remarqué que la lecture de livres ou de magazines d’architecture me donnait toujours un tas d’idées dans des domaines qui n’ont pourtant rien à voir …. Je n’ai pas encore compris pourquoi.
Quels sont vos futurs projets ?
Continuer à travailler à la restitution de la vision que j’ai dans la tête et que j’aimerais partager.
Selon vous quel rôle est celui d'un artiste (designer ou artisan) dans le monde d’aujourd’hui ?
Voir le beau et savoir le montrer, et, emmener l’observateur ailleurs. Le faire changer d’angle, et le transporter dans un état qui lui permet de voir le monde depuis l’extérieur. Ce faisant, l’artiste apporte ce supplément d’âme qui satisfait le besoin de se détacher de la matérialité.
De quoi vous ne pourriez plus vous passer ?
De love.
Ton Artiste (ou designer / artisan) préféré ?
J’aime trop de choses ou de créateurs, souvent pour des raisons différentes, pour savoir qui mettre en premier !
Un livre ou une émission à nous conseiller ?
Le magazine Process bien sûr! un projet vraiment mené avec le coeur pour partager notre vision du beau ainsi que de la création et de ses processus
Un compte Instagram qui vous inspire ?
Puisqu’il faut choisir, j’aime bien celui de Gwenael Nicolas @gwenaelnicolas, un designer français émigré à Tokyo, qui n’est, je crois, pas spécifiquement connu ici, et qui poste des lieux ou des choses qu’il croise sur son chemin de visiteur. Ce n’est ni particulièrement original ni particulièrement clivant mais je trouve ça toujours très juste et, aussi classique que soit son positionnement, je me surprends toujours à être friand de ses posts. Je me demande si ça n’a pas quelque chose à voir avec l’exacte distance qu’il met entre son sujet et lui…
Une destination rêvée ?
Peut-être l’Islande, et ses mystères.
11/05/2021
@process_magazine
@benoit_pelletier
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