Bonjour Marin, est-ce que vous pourriez vous présenter ?
Je m'appelle Marin Thuéry, j'ai 25 ans, je suis designer et vit entre Paris (où je travaille actuellement) et l'Aveyron (d'où je suis originaire).
Quelle est votre pratique et depuis quand y travaillez-vous ?
En 2017 j'ai obtenu un DSAA en Design de produit/Design responsable à la Cité Raymond Loewy de La Souterraine dans la Creuse. Comme quoi il y a aussi de très bonnes écoles en milieu rural ! J'ai eu une première expérience à Amsterdam au studio DeMakersVan avec les frères Verhoeven et ensuite à Barcelone dans l'équipe d'Antoni Arola, un maestro de la lumière avec qui j'ai beaucoup appris. Depuis 2019 je mène mes propres recherches aux côtés d'éditeurs et d'artisans, et en parallèle je travaille dans une entreprise plus orientée digital à Paris.
Comment êtes-vous arrivé là ?
A la maison comme à l'école, le dessin a toujours été mon principal passe-temps. Le fait d'avoir un père ébéniste et d'être donc très tôt au contact de la matière et de sa transformation a surement joué dans la balance.
Quels sont les médiums que vous utilisez ?
Comme beaucoup, le dessin en premier lieu. Je travaille ensuite différents médiums comme le collage, les maquettes et les modélisations et rendus 3D.
Qu'est-ce qui définit votre travail ?
Je m'attache principalement à mettre en valeur matières et savoir-faire. N'étant pas un grand coloriste, j'essaie de mettre en avant le matériau plutôt par le travail de la ligne, des formes, des états de surfaces.
Une création pour nous faire rentrer dans votre univers ?
La lampe Scalae dessinée pour Boutures, est assez représentative. L'idée était de mettre en lumière un matériau inédit, composé de déchets agro-industriels, à savoir les Wasterial, des matériaux mis au point par la société du nord de la France Etnisi. Pour ce faire, j'ai puisé mon inspiration dans des plans d'amphithéâtres gallo-romains, qui ont donné naissance à cette forme particulière en corolle sur laquelle vient se déposer la lumière. Je trouve assez réjouissant l'idée de redonner une vie d'objet à des matières aussi insignifiantes que des débris de briques, des coquilles d'huîtres ou encore des verres de pare-brise…
Pouvez-vous nous parler de votre processus de création ?
Comme évoqué juste avant, le point de départ d'un projet est souvent un matériau, ou un
savoir-faire. A partir de là s'enchainent plusieurs aller-retour entre dessins, expérimentations, maquettes et 3D.
Quelles sont vos sources d'inspiration? Comment arrivez-vous à rester créatif ?
Je m'inspire beaucoup de de références issues d'un héritage culturel, de l'Histoire, des traditions, de l'architecture. J'apprécie particulièrement les objets d'autrefois qui sont souvent rustiques, modestes mais toujours justes. Les plus grands designers sont parfois anonymes …
Quels sont vos futurs projets ?
Concernant ma pratique personnelle, je dessine et cherche constamment. J'aimerai notamment travailler avec de nouveaux fabricants et artisans locaux, afin de découvrir et mettre en avant des savoir-faire.
Selon vous quel rôle est celui d'un artiste (designer ou artisan) dans le monde d’aujourd’hui ?
Il y a mille façon de pratiquer le design, comme il y a mille domaines d'application à ces pratiques. Mais dans un monde aux mutations fulgurantes et incessantes, peut-être que le rôle du designer est justement de se positionner hors du temps. De prendre un certain recul pour réfléchir différemment sur les enjeux actuels.
De quoi vous ne pourriez plus vous passer ?
Pas très original mais, surement d'un crayon.
Ton Artiste (ou designer / artisan) préféré ?
Chez les designers actuels, j'aime le travail de recherche de Formafantasma. Pour ce qui est des artistes, j'apprécie particulièrement les travaux d'estampe de Pierre Soulages.
Un livre ou une émission à nous conseiller ?
Le système des objets, de Jean Baudrillard
Un compte Instagram qui vous inspire ?
@pretziada
Une destination rêvée ?
Les grands espaces, peut-être l'Asie centrale, ou plus proche les Highlands…
26/04/2021
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