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Mathieu Segret



Bonjour Mathieu, est-ce que vous pourriez vous présenter ? 

Je m’appelle Mathieu, j’ai 34 ans et je suis artiste sculpteur en Provence.


Quelle est votre pratique ?

J’ai travaillé une dizaine d’années dans le design puis je me suis orienté vers quelque chose de plus artistique et personnel il y a 3 ans.


Comment êtes-vous arrivé là ?

J’ai pris conscience qu’il était vital pour moi d’apprendre à faire des choses de mes mains pour aller vers la liberté de créer. Le bois est arrivé naturellement à moi, c’est une matière que j’aime et qui m’a toujours accompagné. J’ai acheté un couteau de sculpture, des gouges et une hâche et j’ai débuté en autodidacte comme ça.




Quels sont les outils que vous utilisez ? 

Mon médium préféré est le bois, j’aime son bruit quand je le travaille, son toucher et son odeur. C’est une matière vivante très agréable à travailler. Mais j’apprécie également le temps que je consacre à prendre mes sculptures en photo, cela me permet de prendre du recul et de les regarder différemment. Pour les outils, mon préféré est le kiridashi, c’est un petit couteau Japonais à fort taux de carbone avec un tranchant inégalé, j’adore cet outil à la fois pratique et beau.


Qu'est-ce qui définit votre travail ?

J’aime trouver un juste équilibre entre une matière complètement brute et une matière façonnée par l’homme. J’essaie de trouver le plus de poésie en un minimum d’interventions tout en conservant cet équilibre. C’est pour moi une sorte d’hommage que de laisser à la matière une part de sa création. Souvent mes plus belles pièces sont nées d’erreurs et d’accidents. Je travaille de manière à laisser volontairement une part d’inattendu, pour que la nature puisse s’exprimer. C’est une belle philosophie que d’essayer d’accepter ces événements qui surgissent et de les transformer en quelque chose d’unique.



Travaillez-vous sur d'autres projets extérieurs ?

Je travaille avec ma compagne sur la construction d’une maison passive, c’est un challenge car nous souhaitons en réaliser une partie nous-mêmes. Cela implique une bonne connaissance des principes constructifs et des normes liées au label passif.


Une création pour nous faire rentrer dans votre univers ?

La sculpture Oba résume bien ce que je cherche à faire et à transmettre. C’est une sculpture qui est à la fois très définie et en même temps diffuse, qui convoque un sentiment à la fois de questionnement mais aussi de sérénité. Il y a un équilibre entre la matière laissée brute, tout juste découpée laissant apparaître les fibres, l’essence du bois et la partie plus travaillée et sculptée au toucher beaucoup plus doux. Je dirais que mon travail s’articule beaucoup autour de cette notion d’équilibre.


Pouvez-vous nous parler de votre processus de création ?

Mon processus est en perpétuelle évolution. Au début de mon activité, je dessinais beaucoup, une habitude prise avec mes années dans le design, mais avec le temps c’est plutôt devenu un aller-retour avec le bois. Par exemple je vais fendre une bûche et c’est la forme de la fibre qui m’aide à dessiner, ensuite je dégrossis la pièce, je fais une pause puis je re-dessine de nouvelles proportions que je vois sortir du bois et ainsi de suite.


Quelles sont vos sources d'inspiration ? Comment arrivez-vous à rester créatif ?

La nature est pour moi une source infinie et elle n’est jamais de mauvais goût. Tout évolue en fonction des saisons, les couleurs, les textures, les odeurs, les bruits. Chaque balade me donne mille idées!


Quels sont vos futurs projets ?

J’aimerais essayer une échelle plus grande de sculpture, je réfléchis à la manière de le faire sans renier mes engagements et mes valeurs écologiques. J’aimerais aussi réaliser mes propres peintures et pigments en utilisant uniquement les ressources locales, mais cela demande beaucoup de temps et d’expérimentations pour trouver la bonne formule.


Selon vous quel rôle est celui d'un artiste (designer ou artisan) dans le monde d’aujourd’hui ?

Il y a plein de rôles que les artistes peuvent tenir et c’est à chacun de trouver le sien. Je me considère plutôt comme un intermédiaire qui tente de susciter des émotions à partir d’un morceau de bois et raconter l’invisible.



De quoi vous ne pourriez plus vous passer ?

D’arbres! Sans arbre près de moi j’ai du mal à me sentir bien.


Ton Artiste (ou designer / artisan) préféré ?

J’aime énormément les créations de Ferréol Babin et Elsa Boch qui sont pleines de subtilités et d’élégance. C’est un couple d’artistes inspirants et autonomes dont le processus créatif semble imprégner beaucoup leur vie quotidienne.


Un livre ou une émission à nous conseiller ?

J’ai lu récemment « Des pierres et des fleurs » de Emilie Delcheva-Chalandon et Roselyne Sendim de Ribas Lira, un livre qui permet de saisir une partie de la subtilité de l’esthétique japonaise à travers l’histoire du pays, j’ai trouvé ça passionnant.


Un compte Instagram qui t'inspire ?

J’aime beaucoup le compte de la galerie d’art « Kalpa Art Living » en Toscane, leur univers empli de poésie m’inspire beaucoup.


Une destination rêvée ?

Voyager au Japon me remplirait de joie et j’aimerais beaucoup découvrir le Nigeria aussi, où se trouvent des sculpteurs sur bois exceptionnels!



02/09/2022

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