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Studio poirier bailay




Bonjour, est-ce que vous pourriez vous présenter? 

Nous sommes Pauline Bailay (1993) et Hugo Poirier (1992), nous sommes respectivement designeuse textile et designer produit. Nous travaillons ensemble entre Rennes et Paris.

Quelle est votre pratique et depuis quand y travaillez-vous?

Nous avons fondé notre studio de design poirier bailay en 2018, au sein duquel nous travaillons sur des projets à la croisée du design textile et du design produit, en allant jusqu’à l’architecture d’intérieur.




Comment en êtes-vous arrivés là?

Nous sommes tous les deux diplômé.e.s de l’Ecole Boulle et de l’ENSCI-Les Ateliers (Pauline en Design Textile et Hugo en Création Industrielle). C’est à l’ENSCI que nous avons commencé à travailler ensemble, d’abord en nous aidant sur nos projets respectifs puis en collaborant sur des projets variés. Nous nous sommes rendu.e.s compte que la complémentarité de nos approches, de nos sensibilités et de nos savoir-faire nous permettait d’aller plus en profondeur dans notre travail, et surtout de créer un univers commun. C’est pourquoi, après nos diplômes et quelques expériences professionnelles individuelles, nous avons décidé de nous associer.


Quels sont les outils / médiums que vous utilisez? 

Nous tachons d’utiliser différents outils/mediums en fonction des projets, mais malgré tout, le dessin et la maquette restent nos outils de recherche privilégiés. Nous effectuons souvent un jeu d’aller-retour entre dessin et volume (en interprétant un dessin en maquette, en dessinant directement sur une maquette, en changeant l’échelle d’un dessin…), ce qui nous permet de rebondir rapidement et de faire évoluer nos idées et nos projets. Par ailleurs, nos projets résultent souvent d’une réflexion théorique, qui vient en amont ou en complément de la recherche plastique et technique. En effet, l’écriture est un outil qui nous intéresse particulièrement, et qui prend une place de plus en plus importante dans notre travail.


Qu'est-ce qui définit votre œuvre ?

Notre travail s’articule autour de terrains de recherche qui se complètent : l’expérimentation autour des matériaux et leurs propriétés techniques, l’exploration des nouveaux outils de production et leurs possibilités plastiques, ou encore les questions liées à l’habitat et son devenir. Ainsi, nous tachons d’interroger les modes de vie et les modèles de production et de distribution actuels. Dans cet esprit, plusieurs de nos précédents projets explorent la question de «l’habiter», et tentent, à travers des interventions à différentes échelles (mobilier, murs, sol, lumière…), d’ouvrir de nouvelles perspectives pour penser nos lieux de vie et les objets qui les composent. Cet attrait pour l’habitat est intimement lié aux expériences respectives que nous avons eu au Japon, pendant lesquelles nous avons pu expérimenter d’autres manières d’occuper un espace. En parallèle, nous menons une recherche plastique libre en dessin et en maquette, qui donne lieu à des collections d’objets, parfois proches de la sculpture. C’est le cas de la collection d’objet-structures que nous avons réalisée pour Pli Public Workshop 01 en novembre 2019.




Travaillez-vous sur d'autres projets extérieurs?

A côté de nos projets de studio, la question de la transmission nous intéresse particulièrement, et organiser des workshops/ateliers de création est un projet auquel nous aimerions consacrer plus de temps. Nous avons par exemple participé à la résidence Création en Cours des Ateliers Medicis, où nous avons pu intervenir dans une classe de CM1-CM2 pour les initier au métier de designer. Au delà du design, ces ateliers ont aussi été une opportunité pour sensibiliser les élèves à des enjeux qui nous sont chers et que nous explorons à travers notre pratique : l’habitat et son devenir, les enjeux écologiques qui y sont liés, les modes de productions…

Une création pour nous faire rentrer dans votre univers?

Réalisé lors du festival Design Parade Toulon 2019, le projet Détour est peut-être celui qui définit le mieux notre approche et la manière dont nous développons nos projets. En effet, le concours nous a permis de concrétiser une partie de nos recherches théoriques sur l’habitat, en réalisant une pièce à vivre et en la présentant à un public. Deux idées ont guidé le projet : d’une part, nous soutenons que les objets rayonnent, qu’ils ne sont pas uniquement des entités dont on se sert à des instants précis, mais des points autour desquels se construisent des gestes, des manipulations, des déplacements, des habitudes, des atmosphères... D’autre part, qu’un environnement est constitué d’un assemblage d’objets, de surfaces, de textures, de matériaux, de lumières, de qualités tactiles, phoniques, thermiques... Par ailleurs, fortement inspiré.e.s par la pensée d’Andrea Branzi, et notamment par ses théories développées dans le cadre du «Design Primaire», nous nous sommes attaché.e.s à travailler autour de la notion de sensation, de perception physique de l’espace : «la couleur, la lumière, le micro-climat, la décoration, et même les odeurs...», autant d’«expériences spatiales» qui s’entremêlent en un kaléidoscope de sensations et composent un espace. Nous avons ainsi imaginé un salon exempt de tout mobilier, où l’accent est porté sur les surfaces et leurs matériaux, leurs couleurs, leurs textures, leurs températures, sur la manière dont la lumière va filtrer ou se refléter sur chacune d’elle, ainsi que sur le décor. Le sol est couvert de paille de riz tissée. Un muret carrelé court le long des murs et incarne tantôt un accoudoir, un dossier, une bibliothèque, un coin de table... Des objets, fleurs, livres et bibelots peuplent ça et là cette excroissance murale. Les murs et le plafond sont ponctués de fresques qui pourraient presque rappeler certains paysages du Cap Corse où les montagnes se jettent dans la mer. Dans ce lieu désencombré, le visiteur est invité à s’approprier l’espace comme il l’entend, à s’asseoir ou s’allonger directement au sol, à attraper un coussin pour y reposer sa tête, ou encore à s’adosser contre le muret. Ce décalage de la posture, vers le sol, déplace également le regard ; on est sensible et éveillé à ce qui nous entoure : les textures d’une fresque, la lumière filtrée par le rideau, les reflets scintillants d’un vase en verre, le contact et l’odeur de la paille au sol ou la fraîcheur du muret carrelé dans notre dos. Cette dimension tactile modifie complètement le rapport à l’espace.




Quelles sont vos sources d'inspiration? Comment arrivez-vous à rester créatifs?

Sans surprise, nous essayons de rester les plus curieux.se.s et ouvert.e.s possible !

Quels sont vos futurs projets?

Nous travaillons depuis plusieurs mois déjà sur un projet de recherche autour du futur de l’habitat, nous avons donc prévu de consacrer une grande partie de l’été à concrétiser cette recherche, notamment à travers l’édition d’un manifeste. A l’issue de cette recherche théorique, le but est de développer et réaliser certaines des scènes fictionnelles que nous avons imaginées (en architecture d’intérieur et en design d’objet), afin de tester et faire évoluer nos hypothèses. Par ailleurs, nous continuons de développer des collections d’objets, en collaboration avec différents artisans.


Selon vous quel rôle est celui d'un artiste (designer ou artisan) dans le monde d’aujourd’hui?

Nous ne sommes pas fans de l’idée d’assigner un rôle précis au designer. Ce qui est intéressant, c’est justement la diversité des approches et des pratiques. En ce qui nous concerne, nous prenons notre métier comme une opportunité de questionner nos modes de vie, de consommation, de production… et le fonctionnement de nos sociétés, au regard des enjeux environnementaux et sociaux. Nous voyons les projets comme un moyen de proposer des alternatives, des bifurcations positives, afin de montrer que les choses ne sont pas figées, qu’il est possible de vivre autrement.


Votre Artiste (ou designer / artisan) préféré?

Andrea Branzi (HP), Faye Toogood (PB)

Un livre ou une émission à nous conseiller?

Habiter contre la métropole du Conseil nocturne (HP), Chez soi, Une odyssée de l’espace domestique de Mona Chollet (et plus largement tous les livres de Mona Chollet) (PB)

Un compte Instagram qui vous inspire?

@larbrequipousse (HP), @herstory_of_art (PB)


06/07/2020

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